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Les évêques des deux factions soutenaient avec un égal emportement que leurs adversaires avaient perdu tous leurs droits et s’étaient publiquement déshonorés en livrant les saintes Écritures aux officiers de Dioclétien. Leurs reproches mutuels et l’histoire de cette négociation obscure, donnent lieu de croire que la dernière persécution avait aigri le zèle des chrétiens d’Afrique sans réformer leurs mœurs. Cette Église divisée n’était plus capable de porter un jugement impartial. On discuta successivement la cause dans cinq tribunaux formés par le choix de l’empereur, et l’affaire dura plus de trois ans depuis le premier appel jusqu’au jugement définitif. La recherche sévère que firent le substitut du préteur et le proconsul d’Afrique, le rapport des deux évêques visiteurs qu’on avait envoyés à Carthage, les décrets des conciles d’Arles et de Rome, et le jugement suprême de Constantin dans son sacré consistoire, furent tous en faveur de Cécilien. Les chefs du clergé et les magistrats civils le reconnurent unanimement pour le véritable et légitime primat de l’Afrique. On mit ses évêques suffragans en possession des honneurs et des revenus de l’Église, et ce ne fut pas sans peine que Constantin se borna à exiler les chefs de la faction des donatistes. On peut présumer de l’attention avec laquelle leur cause fut examinée, que les lois de l’équité présidèrent au jugement. Il est possible aussi que, comme les prélats le prétendirent, Osius, favori de l’empereur, ait abusé de son influence sur son maître en trompant sa crédulité. Il