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religions hétérodoxes des récompenses et des priviléges qu’il accordait libéralement au clergé orthodoxe. Mais comme il eût été possible que ces sectes subsistassent encore sous le poids de la défaveur du prince, la conquête de l’Orient fut immédiatement suivie d’un édit qui ordonna leur totale destruction[1]. Après un préambule plein de reproches et d’expressions violentes, Constantin défend absolument les assemblées des hérétiques, et confisque toutes les propriétés de leurs communautés, au profit, soit du fisc, soit de l’Église catholique. Il paraît que cette sévérité était tombée principalement sur les disciples de Paul de Samosate, sur les montanistes de Phrygie, parmi lesquels se soutenait, sans interruption, une suite de prophètes enthousiastes, sur les novatiens qui rejetaient rigoureusement l’efficacité temporelle du repentir, sur les marcionites et les valentiniens, auxquels s’étaient insensiblement ralliés tous les gnostiques de l’Égypte et de l’Asie, et peut-être sur les manichéens, qui avaient nouvellement apporté de la Perse un système où les dogmes des Orientaux se mêlaient avec art à ceux du christianisme[2]. On suivit avec ardeur et avec

  1. Eusèb., in vit. Constant., l. III, c. 63, 64, 65, 66.
  2. Après avoir comparé les opinions de Tillemont, de Beausobre, Lardner, etc., je suis convaincu que la secte de Manès ne se propagea pas même en Perse avant l’année 270. Il est étonnant qu’une hérésie philosophique et étrangère ait pénétré si rapidement dans les provinces d’Afrique. Cependant il est difficile de rejeter l’édit de Dioclétien