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le président, épouvanté, implora la miséricorde de l’Église. Le descendant d’Hercule eut la satisfaction de relever de terre un tyran prosterné[1]. De tels principes, de pareils exemples préparaient insensiblement le triomphe des pontifes romains destinés à poser un jour le pied sur le cou des rois.

Liberté de prêcher.

6o. Le pouvoir de l’éloquence naturelle ou acquise s’est fait sentir dans tous les gouvernemens populaires ; l’âme la plus froide se sent animée, et la plus saine raison est ébranlée par la communication rapide de l’impulsion générale. Chaque auditeur est agité par ses propres passions et par celles de la multitude qui l’environne ; la perte de la liberté avait réduit au silence les démagogues d’Athènes et les tribuns de Rome. L’usage de la prédication qui semble constituer une partie de la religion chrétienne, ne s’était point introduit dans les temples de l’antiquité, et les oreilles délicates des monarques n’avaient pas encore été frappées du son choquant de l’éloquence populaire, quand les chaires de l’empire se trouvèrent occupées par de pieux orateurs qui jouissaient de plusieurs avantages inconnus à leurs profanes prédécesseurs[2]. Les argumens des tribuns

  1. Voyez Synèse, epistol. 47, p. 186-187 ; epistol. 72, p. 218-219 ; epistol. 89, p. 230-231.
  2. Voyez Thomassin, Discipline de l’Église, t. II, l. III, c. 83, p. 1761-1770 ; et les Antiquités de Bingham, vol. I, l. XIV, c. 4, p. 668-717. La prédication était considérée comme la fonction la plus importante de l’épiscopat ; mais