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corriger le magistrat par des remontrances pieuses et modérées, Synèse lança la dernière sentence de la justice ecclésiastique[1], qui dévoue Andronicus, ses complices et leurs familles, à la haine de la terre et du ciel. Les pécheurs impénitens, plus cruels que Phalaris ou Sennachérib, plus destructeurs que la guerre, la peste ou une nuée de sauterelles, sont privés du nom et des priviléges du chrétien, de la participation aux sacremens, et de l’espoir du paradis. L’évêque exhorte le clergé, les magistrats et le peuple à cesser toute société avec les ennemis du Christ, à les exclure de leurs tables et de leurs maisons, à leur refuser toutes les nécessités de la vie et tous les honneurs de la sépulture. L’Église de Ptolémaïs, quelque obscure et peu importante qu’elle puisse paraître, écrit à toutes les Églises du monde, ses sœurs, que les profanes qui rejeteraient ses décrets seraient enveloppés dans le crime et dans le châtiment d’Andronicus et de ses imitateurs impies. Le prélat soutint la terreur de ses armes spirituelles en s’adressant adroitement à la cour de Byzance, et

    mens de torture sont soigneusement détaillés : le πιεσ‌τηριον ou presse, la δακτυληθρα, la ποδοσ‌τραζη, la ρινολαζις, l’ωταγρα et le χειλοσ‌τροφιον, qui pressaient ou étendaient les doigts, les pieds, le nez, les oreilles et les lèvres des victimes.

  1. La sentence d’excommunication est écrite en style classique ou de rhétoricien (Synèse, Epist. 58, p. 201-203). L’usage assez injuste déjà de comprendre des familles entières dans les interdits, fut cependant poussé jusqu’à y envelopper une nation entière.