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nécessaires[1] ; et il n’existait ni à Rome ni dans les provinces, aucun ordre de prêtres qui réclamassent un caractère plus sacré que le sien, ou qui prétendissent à une communication plus intime avec les dieux. Mais dans l’Église chrétienne, qui confie le service des autels à une succession de ministres consacrés, le souverain, dont le rang spirituel est moins vénérable que celui du moindre diacre, se trouvait placé hors du sanctuaire, et confondu avec le peuple des fidèles[2]. On pouvait regarder l’empereur comme le père de ses sujets ; mais il devait un respect et une obéissance filiale au père de l’Église ; et la vénération que Constantin n’avait pu refuser aux vertus des saints et des confesseurs, fut bientôt exigée comme un droit, par l’orgueil de l’ordre épiscopal[3]. Le conflit secret des juridictions ecclésiasti-

  1. M. de La Bastie (Mémoires de l’Acad. des inscriptions, t. XV, p. 38-61) a prouvé, avec évidence, qu’Auguste et ses successeurs ont exercé en personne toutes les fonctions sacrées de souverain pontife ou grand-prêtre de l’Empire romain.
  2. Quelques pratiques contraires s’étaient déjà introduites dans l’Église de Constantinople ; mais le sévère saint Ambroise ordonna à Théodose de se retirer du sanctuaire, et lui fit sentir la différence d’un monarque à un prêtre. Voyez Théodoret, l. V, c. 18.
  3. À la table de l’empereur Maxime, saint Martin, évêque de Tours, reçut la coupe de celui qui la présentait, et la remit au prêtre dont il était accompagné, avant de permettre qu’elle passât dans les mains de l’empereur. L’impératrice servit saint Martin à table. (Sulpice-Sévère, in