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avaient adopté depuis long-temps, comme une maxime fondamentale de leur constitution, que tous les citoyens, quels que fussent leur rang et leurs dignités, devaient également obéir aux lois, et que les soins et la police de la religion appartenaient aux magistrats civils. Il ne fut pas aisé de persuader à Constantin et à ses successeurs qu’ils avaient perdu, par leur conversion, une partie des prérogatives impériales, et qu’il ne dépendait plus d’eux de faire la loi à une religion qu’ils avaient protégée, établie et professée. Les empereurs continuèrent à jouir de la juridiction suprême sur l’ordre ecclésiastique ; [A. D. 312-432.]et le seizième livre du Code de Théodose détaille sous un grand nombre de titres l’autorité qu’ils exerçaient sur l’Église catholique.

Distinction entre la puissance spirituelle et la puissance temporelle.

L’esprit indépendant des Grecs et des Romains n’avait jamais connu la distinction entre la puissance spirituelle et la puissance temporelle[1] ; mais elle fut introduite et confirmée par l’établissement légal de la religion chrétienne. La dignité de souverain pontife, toujours exercée depuis Numa jusqu’à Auguste par les plus illustres des sénateurs, fut enfin unie à la couronne impériale. Le premier magistrat de la république faisait lui-même les fonctions sacerdotales, toutes les fois que la superstition ou la politique les rendait

  1. Voyez l’Épitre d’Osius, apud S. Athanas., vol. I, p. 840. La remontrance publique qu’il fut forcé d’adresser au fils, contenait les mêmes principes de gouvernement civil et ecclésiastique qu’il avait secrètement tâché d’inspirer à son père.