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nicipaux et par des dons agréables au peuple, les villes qui signalaient l’empressement de leur zèle par la destruction volontaire de leurs temples ; et la nouvelle capitale de l’Orient s’enorgueillissait de l’avantage singulier de n’avoir jamais été profanée par le culte des idoles[1]. Partout les dernières classes de la société se conduisent à l’imitation des grands, et la conversion des citoyens distingués par leur naissance, par leurs richesses, ou par leur puissance, fut bientôt suivie de celle d’une multitude dépendante[2]. Le salut du peuple s’achetait à bon marché, s’il est vrai que dans une année douze mille hommes et un nombre proportionné de femmes et d’enfans furent baptisés à Rome, et qu’il n’en coûta qu’une robe

  1. Tillemont (Hist. des Emper., t. IV, p. 374, 616) a défendu avec force et avec courage la pureté de Constantinople contre quelques insinuations malignes du païen Zosime.
  2. L’auteur de l’Histoire politique et philosophique des Deux-Indes (t. I, p. 9) condamne une loi de Constantin, qui donnait la liberté à tous les esclaves qui embrassaient le christianisme. L’empereur publia effectivement une loi qui défendait aux Juifs de circoncire, et peut-être de garder aucun esclave chrétien. (Voyez Eusèbe, in vit. Constant., l. IV, c. 27 ; et le Cod. Théod., l. XVI, tit. 9, avec les Commentaires de Godefroy, t. VI, p. 247.) Mais cette exception ne regardait que les Juifs ; et la généralité des esclaves qui appartenaient ou à des chrétiens ou à des païens, ne changeaient point d’état en changeant de religion. J’ignore par quelle autorité l’abbé Raynal a été induit en erreur, et le manque total de notes et de citations est un défaut impardonnable de son intéressant ouvrage.