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tée et plus éloquemment écrite, parut vingt-six ans après le songe qui peut lui en avoir donné l’idée. Il raconte que Constantin étant en marche à la tête de son armée, vit de ses propres yeux, dans les airs, le signe lumineux de la croix, accompagné de cette légende : Sois vainqueur par ce signe. Cette surprenante apparition étonna toute l’armée et l’empereur lui-même, qui était encore incertain sur le choix d’une religion. Mais la vision de la nuit suivante fit succéder à son étonnement une foi sincère. Le Christ lui apparut, et déployant le même signe céleste qu’il avait vu dans les cieux, il daigna dire à Constantin de représenter la croix sur un étendard, et de marcher avec confiance à la victoire contre Maxence et contre tous ses ennemis[1]. Le savant évêque de Césarée paraît sentir que la tardive découverte de cette anecdote merveilleuse pourrait exciter quelque surprise et quelque méfiance parmi les plus dévots de ses lecteurs. Cependant, au lieu de rassembler et de rapporter les témoignages de tant de personnes encore existantes, et sous les yeux desquelles s’était opéré cet étonnant miracle ; au lieu de fixer les dates précises de temps et de lieu

    III, 5, 6 ; Florus, 11, 12 ; Valère-Maxime, l. I, c. 8, no 1. Cependant, le plus récent de ces miracles est omis et même nié indirectement par Tite-Live, XLV, I.

  1. Eusèbe, l. I, c. 28, 29, 30. Le silence de ce même Eusèbe, dans son histoire ecclésiastique, a fait une profonde impression sur ceux des partisans de ce miracle qui ne sont pas tout-à-fait aveugles.