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dance régulière qu’entretenaient les évêques des provinces les plus éloignées, leur donnait la facilité de se communiquer leurs désirs et leurs desseins, et de faire passer sans danger des avis utiles ou des contributions pieuses à Constantin, qui avait déclaré publiquement qu’il ne prenait les armes que pour la liberté de l’Église[1].

L’enthousiasme des troupes, que l’empereur partageait peut-être, animait leur courage et satisfaisait leur conscience. Elles marchaient au combat, convaincues que ce Dieu qui avait ouvert un passage aux Israélites à travers les eaux du Jourdain, qui avait fait tomber les murs de Jéricho au son des trompettes de Josué, déploierait sa puissance et sa majesté visible en faveur de Constantin. Tous les témoignages de l’histoire ecclésiastique se rassemblent pour affirmer que ces espérances furent justifiées par le miracle frappant auquel on attribue unanimement la conversion du premier empereur chrétien. La cause réelle ou imaginaire de cet événement de-

  1. Eusèbe considère toujours la seconde guerre civile contre Licinius comme une sorte de croisade religieuse. D’après l’invitation du tyran, quelques officiers chrétiens avaient repris leurs écharpes, ou, en d’autres termes, étaient rentrés dans le service militaire. Leur conduite a été censurée par le douzième canon du concile de Nicée, si l’on peut s’en rapporter à cette interprétation particulière, au lieu du sens obscur et général des traducteurs grecs Balsamon, Zonare et Alexis Aristène. Voyez Beveridge, Pandect. eccles. græc., t. I, p. 72 ; t. II, p. 78, note.