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HISTOIRE
DE LA DÉCADENCE ET DE LA CHUTE
DE L’EMPIRE ROMAIN.

CHAPITRE XV.

Progrès de la religion chrétienne. Sentimens, mœurs, nombre et condition des premiers chrétiens.

Importance de l’examen.

Un examen impartial, mais raisonné, des progrès et de l’établissement du christianisme, peut être regardé comme une partie très-essentielle de l’histoire de l’Empire romain. Tandis que la force ouverte et des principes cachés de décadence attaquent et minent à la fois ce grand corps, une religion humble et pure jette sans effort des racines dans l’esprit des hommes, croît au milieu du silence et de l’obscurité, tire de l’opposition une nouvelle vigueur, et arbore enfin sur les ruines du Capitole la bannière triomphante de la croix. Son influence ne se borne pas à la durée ni aux limites de l’empire ; après une révolution de treize ou quatorze siècles, cette religion est encore celle des nations de l’Europe qui ont surpassé tous les autres peuples de l’univers dans les arts, dans les sciences, aussi-bien que dans les armes : le zèle et l’industrie des Européens ont porté le christianisme sur les rivages les plus reculés