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vait lui montrer une seule personne qui eût été tirée du sein des morts, il embrasserait aussitôt la religion chrétienne. Il est assez singulier que le prélat de la première Église de l’Orient, malgré son zèle pour la conversion de son ami, n’ait pas jugé à propos d’accepter ce défi simple et raisonnable[1].

Vérité des miracles contestée.

Les miracles de la primitive Église, après avoir obtenu la sanction des temps, ont été dernièrement attaqués dans un ouvrage[2] rempli de recherches curieuses, mais hardies, et qui, malgré l’accueil favorable qu’il a reçu du public, paraît avoir excité un scandale général parmi les théologiens de toutes les Églises protestantes de l’Europe[3]. En hasardant notre sentiment sur cette matière, nous serons bien moins déterminés par quelques argumens particuliers que par notre manière de voir et de réfléchir, et surtout par le degré d’évidence que nous avons coutume d’exiger quand il s’agit de prouver un événement miraculeux. [Notre embarras à déterminer la période où ils ont été opérés.]Le devoir d’un historien ne l’oblige pas à s’ériger en juge de son autorité privée, dans une controverse si délicate et d’une telle importance ; mais, d’un autre côté, il ne doit pas dis-

  1. Théophile, ad Autolycum, l. II, p. 77.
  2. Le docteur Middleton donna son introduction en 1747 ; deux ans après, il publia sa Free inquiry ; et avant sa mort, qui arriva en 1750, il avait préparé une défense de cet ouvrage contre ses nombreux adversaires.
  3. L’université d’Oxford conféra des degrés à ceux qui le combattirent. L’indignation de Mosheim (p. 221) peut nous faire connaître les sentimens des ministres luthériens.