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Conflagration de Rome et du monde.

Tandis qu’on promettait aux disciples de Jésus-Christ le bonheur et la gloire d’un règne temporel, les calamités les plus terribles étaient annoncées à un monde incrédule. L’édification de la nouvelle Jérusalem devait être accompagnée de la destruction de la Babylone mystique ; et tant que les princes qui régnèrent avant Constantin, persistèrent dans la profession de l’idolâtrie, le nom de Babylone fut appliqué à la ville et à l’empire de Rome. Tous les maux que les causes physiques et morales peuvent produire pour affliger une nation florissante, lui avaient été annoncés. Les discordes intestines, l’invasion des

    lypse fut tacitement exclue des canons sacrés, par les mêmes Églises de l’Asie auxquelles elle est adressée ; et les plaintes de Sulpice-Sévère nous apprennent que leur sentence avait été ratifiée par le plus grand nombre des chrétiens de son temps. Pourquoi donc l’Apocalypse est-elle maintenant si généralement reçue par les Églises grecque, romaine et protestante ? On peut en donner les raisons suivantes : 1o. les Grecs furent subjugués par l’autorité d’un imposteur, qui, dans le sixième siècle, prit le nom de Denis-l’Aréopagite. 2o. La crainte bien fondée que les grammairiens ne devinssent plus importans que les théologiens, engagea les pères du concile de Trente à poser le sceau de leur infaillibilité sur tous les livres de l’Écriture renfermés dans la Vulgate latine ; et heureusement l’Apocalypse se trouva du nombre (Fra-Paolo, Hist. du Concile de Trente, livre II). 3o. L’avantage qu’avaient les protestans de tourner ces prophéties mystérieuses contre le siége de Rome, leur inspira une vénération extraordinaire pour un allié si utile. Voyez les discours ingénieux et élégans de l’évêque de Litchfield sur le sujet, qui paraissait peu susceptible d’ornemens.