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l’annoncèrent obscurément ; et durant la longue période qui s’écoula entre la servitude chez les Égyp-

    de l’enlèvement d’Enoch, qui marcha avec Dieu et puis ne parut plus, parce que Dieu le prit, semble indiquer la notion d’une existence qui suit celle de l’homme sur la terre. (Genèse, c. 5, v. 24 ). Job, que quelques savans attribuent à Moïse, offre à ce sujet des renseignemens plus clairs : Après que ma peau aura été détruite, je verrai Dieu de mes yeux, je le verrai moi-même, mes yeux le verront, ce ne sera pas un autre que moi. (Job, c. 19, v. 26, 27.) M. Pareau, professeur de théologie à Harderwyk, a fait paraître, en 1807, un volume in-8o sous ce titre : Commentatio de immortalitatis ac vitæ futuræ notitiis ab antiquissimo Jobi scriptore, où il fait voir, dans le 27e chapitre de Job, des indices de la doctrine d’une vie future. (Voyez Michaelis, Syntagma commentationum, p. 80 ; Coup d’œil sur l’état de la littérature et de l’histoire ancienne en Allemagne, par Ch. Villers, p. 63. — 1809.)

    Ces notions d’immortalité ne sont pas assez claires, assez positives, pour être à l’abri de toute objection ; ce qu’on peut dire, c’est que la succession des écrivains sacrés semble les avoir graduellement développées. On observe cette gradation dans Isaïe, David et Salomon, qui a dit : La poudre retourne dans la terre comme elle y avait été, tandis que l’esprit retourne à Dieu qui l’avait donné. (Ecclés., c. 12, v. 9.) J’ajouterai ici la conjecture ingénieuse d’un théologien philosophe sur les causes qui ont pu empêcher Moïse d’enseigner spécialement à son peuple la doctrine de l’immortalité. Il croit que, dans l’état de la civilisation à l’époque où vivait ce législateur, cette doctrine, rendue populaire parmi les Juifs, aurait nécessairement donné naissance à une foule de superstitions idolâtres qu’il voulait prévenir : son principal but était d’établir une théocratie solide, de faire conserver à son