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plus honorable que celle qu’il pouvait attendre des mains d’un ennemi, maître de colorer sa vengeance du prétexte spécieux de la justice et de la piété fraternelle. L’exemple de Magnence fut imité par Decentius, qui s’étrangla aussitôt qu’il eut appris la mort de son frère. Marcellinus, premier auteur de la conspiration, avait disparu à la bataille de Mursa[1], et l’exécution du reste des chefs assura la tranquillité publique. On fit une recherche sévère de tous ceux qui avaient pris part à la révolte, ou volontairement ou par nécessité. Paul, surnommé Catena, en raison de ses talens barbares dans l’exercice juridique de la tyrannie, fut chargé de découvrir les restes obscurs de la conspiration dans la province éloignée de Bretagne. On fit passer l’honorable indignation de Martin, vice-préfet de l’île, pour une preuve de son crime, et cet estimable gouverneur fut forcé de plonger dans son propre sein l’épée dont il avait frappé dans sa colère le ministre des vengeances impériales. Les citoyens les plus innocens furent exposés à l’exil, à la confiscation, aux tortures et à la mort ; et comme la timidité est toujours barbare, l’âme de Constance fut inaccessible à la pitié[2].


fin du tome troisième.
  1. Julien (orat. 1, p. 58, 59) paraît embarrassé de dire s’il s’infligea lui-même le châtiment de ses crimes, s’il se noya dans la Drave, ou si les démons vengeurs le portèrent du champ de bataille au lieu où il devait subir des tourmens éternels.
  2. Ammien, XIV, 5 ; XXI, 16.