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il déclara son inflexible résolution de punir un perfide assassin qu’il allait accabler de tous côtés par l’effort de ses armes victorieuses. Une flotte impériale prit aisément possession de l’Afrique et de l’Espagne, soutint la fidélité chancelante des nations moresques, et débarqua des forces considérables qui passèrent les Pyrénées et s’approchèrent de Lyon, où Magnence trouva son dernier refuge et devait trouver la mort[1]. Dans l’extrémité où il était réduit, l’usurpateur, naturellement peu disposé à la clémence, fut obligé d’employer, contre les villes de la Gaule, tous les genres d’oppression pour en tirer les secours que demandait un si pressant danger[2]. La patience des peuples s’épuisa enfin, et Trèves, le siége du gouvernement prétorien, donna le signal de la révolte en fermant ses portes à Decentius, que son frère avait élevé au rang de César ou à celui d’Auguste[3]. De Trèves, Decentius fut obligé de se retirer à Sens, où il fut

  1. Zosime, l. II, p. 133 ; Julien (orat. 1, p. 40 ; 2, p. 74)
  2. Ammien, XV, 6 ; Zosime, l. II, p. 113. Julien, qui (orat. 1, p. 40) déclame contre les cruels effets du désespoir du tyran, parle (orat. 1, p. 34) des édits vexatoires que lui dictèrent ses besoins ou son avarice. Il obligea ses sujets à acheter les domaines de l’empire, espèce de propriété incertaine et dangereuse, dont l’acquisition, dans une révolution, pouvait être présentée comme un crime de lèse-majesté.
  3. Les médailles de Magnence célèbrent les victoires des deux Augustes et du César. Le César était un autre frère appelé Desiderius. Voy. Tillemont, Hist. des emper., t. IV, p. 757.