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bassadeur impérial, appuya ces propositions de toute son éloquence : le conseil et l’armée de Magnence étaient disposés à les accepter ; mais le présomptueux usurpateur, méprisant les conseils de ses amis, fit retenir Philippe en captivité, ou du moins en otage, tandis qu’il envoyait un officier reprocher à Constance la faiblesse de son règne, et lui offrir un pardon insultant, s’il quittait, sans hésiter, la pourpre et l’empire. La seule réponse que l’honneur permit à Constance fut « qu’il mettait sa confiance dans la justice de sa cause, et la protection d’un Dieu vengeur. » Il sentait si vivement le danger de sa situation, qu’il n’osa pas punir, sur l’insolent envoyé de Magnence, la détention de son ambassadeur. La négociation de Philippe ne fut cependant pas inutile, puisqu’il engagea Silvanus-le-Franc, général d’une réputation distinguée, à déserter avec un corps considérable de cavalerie, peu de jours avant la bataille de Mursa.

La ville de Mursa ou Essek, célèbre dans les temps modernes par un pont de bateaux de cinq milles de longueur sur la Drave et sur les marais adjacens[1], a toujours été considérée, dans les guerres de Hongrie, comme une place importante. Magnence, dirigeant sa marche sur Mursa, fit mettre le feu aux

  1. Ce pont remarquable, qui est flanqué de tours, et qui repose sur de grandes piles de bois, fut construit A. D. 1566, par le sultan Soliman, pour faciliter la marche de ses troupes en Hongrie. Voyez les Voyages de Browne, et le Système de Géographie de Busching, vol. II, p. 90.