Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/472

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gueur par l’habileté ou la timidité des combattans[1]. Constance avait annoncé son intention de décider la querelle dans les plaines de Cibalis, dont le nom devait animer ses troupes par le souvenir de la victoire de Constantin son père, remportée sur le même terrain. Cependant, les fortifications inattaquables dont il environnait son camp annonçaient plutôt l’envie d’éviter la bataille que celle de la chercher. L’objet de Magnence était d’obliger son adversaire, par la ruse ou par la force, à quitter cette position avantageuse, et il y employa les différentes marches, évolutions et stratagèmes que la connaissance de l’art militaire pouvait suggérer à un officier expérimenté. Il emporta d’assaut l’importante ville de Siscia, attaqua la ville de Sirmium, qui était située derrière le camp, essaya de forcer un passage au-dessus de la Save pour entrer dans les provinces orientales de l’Illyrie, et tailla en pièces un gros détachement qu’il avait attiré dans les défilés d’Adarne. Pendant presque tout l’été l’usurpateur des Gaules fut maître de la campagne. Les troupes de Constance étaient harassées et découragées ; sa réputation se perdait, et son orgueil descendit à solliciter un traité de paix qui aurait assuré à l’assassin de Constans la souveraineté des provinces au-delà des Alpes. Philippe, l’am-

  1. Zosime raconte longuement la guerre et les négociations (l. II, p. 123-130) ; mais comme il n’annonce pas des connaissances bien sûres touchant l’art militaire ni la politique, il faut examiner son récit avec soin, et ne l’admettre qu’avec précaution.