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morable, fut célébrée avec une apparence de justice ; et ses courtisans comparèrent les discours étudiés qu’un Périclès et un Démosthènes adressaient à la populace d’Athènes, avec l’éloquence victorieuse qui avait persuadé à une multitude armée d’abandonner et de déposer l’objet de son propre choix[1]. Les démêlés de Magnence allaient être plus sanglans et plus dangereux : l’usurpateur s’avançait par des marches rapides, à la tête d’une armée nombreuse, composée d’Espagnols, de Gaulois, de Francs, de Saxons, de ces habitans des provinces qui recrutaient les légions, et de ces Barbares qu’on regardait comme les plus formidables ennemis de la république. Les plaines fertiles[2] de la Basse-Pannonie, entre la Drave, la Save et le Danube, offraient un vaste théâtre ; mais durant les mois de l’été les opérations de la guerre civile furent traînées en lon-

  1. Eum Constantius… facundiæ vi dejectum imperio in privatum otium removit. Quæ gloria, post natum imperium, soli processit eloquio, clementiâque, etc. Aurelius-Victor, Julien et Themistius (orat. 3 et 4) chargent cet exploit de toute l’enluminure de leur rhétorique.
  2. Busbequius (p. 112) traversa la Basse-Hongrie et l’Esclavonie dans un temps où les hostilités réciproques des Turcs et des chrétiens avaient rendu ces deux contrées presque désertes. Toutefois il parle avec admiration de l’indomptable fertilité du sol ; il observe que l’herbe y était assez haute pour soustraire à la vue un chariot chargé. Voyez aussi les Voyages de Browne dans la Collection de Harris, vol. II, p. 762, etc.