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Zèle pour le christianisme.

Tels étaient les soins pénibles qu’il fallait prendre pour garantir la pureté de l’Évangile du souffle empoisonné de l’idolâtrie. Les partisans de l’ancienne religion observaient avec indifférence les rites publics ou particuliers qu’ils tenaient de l’éducation et de l’habitude ; mais toutes les fois que ces cérémonies superstitieuses se présentaient, elles fournissaient aux chrétiens une occasion de s’opposer avec force aux anciennes erreurs, et de déclarer leurs sentimens. Ces protestations fréquentes affermissaient leur attachement à la foi ; et à mesure que leur zèle s’augmentait, ils soutenaient avec plus d’ardeur, et avec des succès plus marqués, cette guerre sainte qu’ils avaient entreprise contre l’empire des démons.

Seconde cause. La doctrine de l’immortalité de l’âme parmi les philosophes.

II. Les écrits de Cicéron[1] peignent des couleurs les plus vives l’ignorance, les erreurs et l’incertitude des anciens philosophes, au sujet de l’immortalité de l’âme. Ils voulaient armer leurs disciples, contre la crainte de la mort ; ils leur inculquaient cette idée simple, mais triste, que le coup fatal de notre dissolution nous délivre des calamités de la vie, et que ceux qui ont peu de temps à exister, ont aussi peu de temps à souffrir. Rome et la Grèce renfermaient cependant un petit nombre de sages qui

  1. En particulier, le premier livre des Tusculanes, le Traité de la vieillesse et le Songe de Scipion, contiennent, dans le plus beau langage, tout ce que la philosophie des Grecs ou le bon sens des Romains pouvait suggérer sur ce sujet obscur, mais important.