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son égal, à condition qu’il renoncerait à la honteuse alliance de Magnence, et qu’il choisirait un endroit sur les frontières de leurs provinces respectives où ils pussent, dans une entrevue, assurer leur amitié par un serment de fidélité mutuelle, et régler d’un commun accord les opérations de la guerre civile. En conséquence de cet arrangement, Vétranio s’avança vers la ville de Sardica[1], à la tête de vingt mille chevaux et d’un corps d’infanterie plus nombreux. Ces forces étaient si supérieures à celles de Constance, que l’empereur d’Illyrie semblait avoir à sa disposition la fortune et la vie de son rival, qui, comptant sur le succès de ses sourdes négociations, avait séduit les troupes et miné le trône de Vétranio. Les chefs, qui avaient secrètement embrassé le parti de Constance, préparaient en sa faveur un spectacle propre à éveiller et à enflammer les passions de la multitude[2]. Les deux armées réunies furent assemblées dans une vaste plaine à la proximité de la ville ; on éleva dans le centre, selon les lois de l’ancienne discipline, le tribunal ou plutôt l’échafaud, d’où les empereurs avaient coutume de

  1. Zonare, t. II, l. XIII, p. 16. La position de Sardica, près de la ville moderne de Sophia, paraît plus propre à cette entrevue, que Naissus et Sirmium, où elle est placée par saint Jérôme, Socrate et Sozomène.
  2. Voyez les deux premiers discours de Julien, surtout p. 31 ; et Zosime, l. II, p. 122. La narration de l’historien, qui est nette, éclaircit les descriptions étendues, mais vagues de l’orateur.