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Meurtre de Constans. A. D. 350. Février.

Le terme fatal de Constans lui-même fut encore retardé d’environ dix ans, et la mort de son frère fut vengée par la main ignoble d’un serviteur perfide. La mauvaise administration des trois princes, les vices et les faiblesses qui leur firent perdre l’estime et l’affection des peuples, découvrirent la tendance pernicieuse du système introduit par Constantin. L’inapplication et l’incapacité de Constans rendaient ridicule et insupportable l’orgueil que lui donnèrent des succès guerriers qu’il n’avait pas mérités. Sa partialité pour quelques captifs germains qui n’avaient d’autre mérite que les grâces de leur figure, était un sujet de scandale[1]. Magnence, soldat ambitieux, d’extraction barbare, fut encouragé par le mécontentement public à soutenir l’honneur du nom romain[2]. Les bandes choisies des

    de contradictions les causes et les effets de cette guerre civile : j’ai suivi principalement Zonare et Victor le jeune. La Monodie (ad calcem Eutrop., édit. Havercamp.) prononcée à la mort de Constantin, aurait pu être instructive ; mais la prudence et le mauvais goût ont jeté l’orateur dans de vagues déclamations.

  1. Quarum (gentium) obsides pretio quæsitos pueros venustiores, quod cultius habuerat, libidine hujusmodi arcisse, pro certo habetur. Si les goûts dépravés de Constans n’avaient pas été publics, Victor l’ancien, qui exerçait un emploi considérable sous le règne de son frère, ne se serait pas exprimé d’une manière si positive.
  2. Julien, orat. 1 et 2, Zosime, l. II, p. 134 ; Victor, in Epitom. Il y a lieu de croire que Magnence avait reçu le jour au milieu d’une de ces colonies de Barbares, établies