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D’une si nombreuse famille, Gallus et Julien, les deux plus jeunes enfans de Julius-Constance, furent seuls dérobés aux mains de ces assassins féroces jusqu’au moment où leur rage rassasiée de sang commença à se ralentir. L’empereur Constance, qui, pendant l’absence de ses frères, se trouvait le plus chargé du crime et du reproche, fit paraître dans quelques occasions un remords faible et passager des cruautés que les perfides conseils de ses ministres et la violence irrésistible des soldats avaient arrachées à sa jeunesse sans expérience[1].

Division de l’empire. A. D. 337, 11 sept.

Le massacre de la race Flavienne fut suivi d’une nouvelle division des provinces, ratifiée dans une entrevue des trois frères. Constantin, l’aîné des Césars, obtint, avec une certaine prééminence de rang, la possession de la nouvelle capitale qui portait son nom et celui de son père[2]. La Thrace et les contrées

  1. Julien (ad S. P. Q., Athen., p. 270) attribue à son cousin Constance tout le crime d’un massacre dans lequel il manqua de perdre la vie. Saint Athanase, qui, par des raisons très-différentes, avait autant d’inimitié pour Constance (tom. I, p. 856), confirme cette assertion ; Zosime se réunit à eux dans cette accusation ; mais les trois abréviateurs, Eutrope et les deux Victor, se servent d’expressions très-remarquables : « Sinente potius quàm jubente » … « Incertum quo suasore » … « Vi militum. »
  2. Ses états comprenaient la Gaule, l’Espagne et l’Angleterre, que son père lui avait données en le nommant César : il paraît aussi qu’il eut la Thrace. (Chron. Alex., p. 670.) Ce premier partage eut lieu à Constantinople, l’an de J. C. 337. L’année suivante, les trois frères se réunirent