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de la douleur, ou du moins du deuil public, surpassèrent tout ce qui avait eu lieu jusque alors en pareille occasion. Malgré les réclamations du sénat et du peuple de l’ancienne Rome, le corps du défunt empereur fut transporté, selon ses ordres, dans la ville destinée à perpétuer le nom et la mémoire de son fondateur. Orné des vains symboles de la grandeur, revêtu de la pourpre et du diadème, il fut déposé sur un lit d’or, dans un des appartemens du palais qu’on avait, à cette occasion, meublé et illuminé somptueusement. Les cérémonies de la cour furent strictement observées ; chaque jour, à des heures fixes, les grands officiers de l’état, de l’armée et du palais, s’agenouillaient auprès de leur souverain, et lui offraient gravement leur respectueux hommage, comme s’il eût été encore vivant. Des raisons de politique firent continuer pendant quelque temps cette représentation théâtrale, et l’ingénieuse adulation ne négligea point l’occasion de dire que, par une faveur particulière de la Providence, Constantin avait encore régné après sa mort[1].

  1. Funus relatum in urbem sui nominis ; quod sanè P. R. ægerrimè tulit. (Aurelius-Victor.) Constantin avait préparé un magnifique tombeau pour lui dans l’église des Saints-Apôtres. (Eusèbe, l. IV, c. 60.) Le meilleur récit, et presque le seul que nous ayons de la maladie, de la mort et des funérailles de Constantin, se trouve dans le quatrième livre de sa vie par Eusèbe.