Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/435

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Guerre des Goths. A. D. 331.

Ces motifs d’inimitié envenimèrent sans doute les contestations qui ne peuvent manquer de s’élever souvent sur les frontières entre deux nations guerrières et indépendantes. Les princes vandales étaient excités par la crainte et par la vengeance, et les rois des Goths aspiraient à étendre leur domination depuis l’Euxin jusqu’aux confins de la Germanie. Les eaux du Maros, petite rivière qui se jette dans la Theiss, furent souvent teintes du sang des Barbares. Après avoir éprouvé la supériorité du nombre et des forces de leurs adversaires, les Sarmates implorèrent le secours du monarque romain, qui voyait avec plaisir les discordes des deux nations, mais à qui les progrès des Goths donnaient de justes inquiétudes. Dès que Constantin se fut déclaré en faveur du plus faible, l’orgueilleux Alaric, roi des Goths, au lieu d’attendre l’attaque des légions romaines, passa hardiment le Danube, et répandit dans toute la province de Mœsie la terreur et la désolation. Pour repousser l’invasion de cette armée dévastatrice, le vieil empereur entreprit la campagne en personne ; mais en cette occasion, son habileté ou sa fortune répondit mal à la gloire qu’il avait acquise dans tant de guerres civiles et étrangères. Il eut la mortification de voir fuir ses troupes devant une poignée de Barbares, qui les poursuivirent jusqu’à l’entrée de leur camp fortifié, et les obligèrent à chercher leur sûreté dans une fuite prompte et ignominieuse. L’événement d’une seconde bataille rétablit l’honneur des armes romaines : après un combat long et opiniâtre,