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grecque et de la jurisprudence romaine, furent appelés par la libéralité de l’empereur, qui se réserva la tâche importante d’instruire les jeunes princes dans l’art de connaître et de gouverner les hommes. Mais le génie de Constantin avait été formé par l’expérience et l’adversité. Le commerce familier d’une vie privée, les dangers auxquels il avait été longtemps exposé dans la cour de Galère, lui avaient appris à gouverner ses passions, à lutter contre celles de ses égaux, et à n’attendre sa sûreté présente et sa grandeur future que de sa prudence et de la fermeté de sa conduite. Les princes qui devaient lui succéder avaient le désavantage d’être nés et élevés sous la pourpre impériale. Toujours environnés d’un cortège de flatteurs, ils passaient leur jeunesse dans les jouissances du luxe et dans l’attente du trône ; et la dignité de leur rang ne leur permettait pas de descendre de cette situation élevée, d’où les différens caractères des hommes semblent offrir un aspect égal et uniforme. L’indulgence de Constantin les admit, dès leur tendre jeunesse, à partager l’administration de l’empire ; et ils étudièrent l’art de régner aux dépens des peuples dont on leur donnait le gouvernement. Le jeune Constantin tenait sa cour dans les Gaules ; son frère Constance avait échangé cet ancien patrimoine de son père pour les contrées plus riches mais moins guerrières de l’Orient. Dans la personne de Constans, le troisième de ces princes, l’Italie, l’Illyrie occidentale et l’Afrique, révéraient le représentant de Constantin-le--