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revêtus du titre de Césars ; et les dates de leurs promotions peuvent être fixées à la dixième, vingtième et trentième année du règne de leur père[1]. Quoique cette conduite tendît à multiplier les maîtres futurs du monde romain, la tendresse paternelle pourrait ici servir d’excuse ; mais il n’est pas aussi aisé d’expliquer les motifs de l’empereur, quand il exposa la tranquillité de ses peuples et la sûreté de ses propres enfans, par l’inutile élévation de ses neveux Dalmatius et Annibalianus. Le premier obtint le titre de César et l’égalité avec ses cousins ; et Constantin créa en faveur de l’autre, la nouvelle et singulière dénomination de nobilissime[2], à laquelle il joignit la flatteuse distinction d’une robe tissue de pourpre et d’or. Parmi tous les princes de l’empire, Annibalianus fut seul distingué par le titre de roi ; nom que les sujets de Tibère auraient détesté comme la plus cruelle insulte que pût leur faire subir le sacrilége caprice d’un tyran. L’usage de ce titre odieux sous le règne de Constantin, est un fait inexplicable et isolé, auquel on peut à peine ajouter foi, malgré

    dans ses espérances, mais à Ablavius, premier ministre et favori de l’empereur. On peut remarquer que les imprécations du peuple romain étaient dictées par l’humanité ainsi que par la superstition. Zosime, l. II, p. 105.

  1. Euseb., orat. in Constant., c. 3. Ces dates sont assez exactes pour justifier l’orateur.
  2. Zosime, l. II, p. 117. Sous les prédécesseurs de Constantin, le mot de nobilissimus était une épithète vague, plutôt qu’un titre légal et déterminé.