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auteurs, tant païens que chrétiens, on trouve encore quelques motifs de croire ou du moins de soupçonner que l’impératrice échappa à l’aveugle et soupçonneuse cruauté de son mari. Le meurtre d’un fils et d’un neveu, le massacre d’un grand nombre d’amis respectables et peut-être innocens[1], qui furent enveloppés dans leur proscription, suffisent pour justifier le ressentiment du peuple romain, et les vers injurieux affichés à la porte du palais, où l’on comparait les deux règnes fastueux et sanglans de Néron et de Constantin[2].

Les fils et les neveux de Constantin.

La mort de Crispus semblait assurer l’empire aux trois fils de Fausta, dont nous avons déjà parlé sous les noms de Constantin, de Constance et de Constans[3]. Ces jeunes princes furent successivement

    elle a pu prendre ce titre par adoption : du moins on ne la regardait pas comme son ennemie mortelle. Julien compare la fortune de Fausta avec celle de Parysatis, reine de Perse. Un Romain l’aurait comparée plus naturellement à la seconde Agrippine :

    « Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres ;
    « Moi, fille, femme, sœur et mère de vos maîtres. »

  1. Monod., in Constant. Jun., c. 4, ad calcem Eutrop., édit. de Havercamp. L’orateur l’appelle la plus sainte et la plus pieuse des reines.
  2. Interfecit numerosos amicos. Eutrop., XX, 6.
  3. Saturni aurea sæcula quis requirat ?
    Sunt hæc gemmea, sed Neroniana.

        Sidon. Apoll., l. 8.

    Il est un peu singulier qu’on attribue ces vers, non pas à un obscur faiseur de libelles, ou à un patriote trompé