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du plus aimable caractère, fut enveloppé dans la ruine de Crispus[1]. La sombre jalousie de Constantin ne fut émue ni des prières ni des larmes de sa sœur favorite, qui demanda grâce inutilement pour un fils à qui l’on ne pouvait reprocher d’autre crime que son rang. Sa malheureuse mère ne lui survécut pas long-temps. L’histoire de ces princes infortunés, la nature et la preuve de leur crime, les formalités de leur jugement, et le genre de leur mort, furent ensevelis dans la plus mystérieuse obscurité ; et l’évêque courtisan qui a célébré dans un ouvrage très-travaillé les vertus et la piété de son héros, a eu soin de passer sous silence ces tragiques événemens[2]. Un mépris si marqué pour l’opinion

    administrer un poison froid, peut-être pour que ce genre de mort formât une antithèse avec le bain chaud de Fausta.

  1. Sororis filium, commodæ indolis juvenem. Eutrope, X, 6. Ne peut-on pas conjecturer que Crispus avait épousé Hélène, fille de l’empereur Licinius, et que Constantin accorda un pardon général, lors de l’heureuse délivrance de la princesse en 322 ? Voy. Ducange, Fam. byzant., p. 47 ; et la loi (l. IX, tit. 37) du code Théodosien, qui a si fort embarrassé les interprètes ; Godefroy, t. III, p. 267 (*).
    (*) Cette conjecture est fort douteuse ; l’obscurité de la loi citée du code Théodosien permet à peine quelque induction, et il n’existe qu’une médaille que l’on puisse attribuer à une Hélène, femme de Crispus. (Voyez Eckhel, Doct. num. vet., t. VIII, p. 102 et 145. (Note de l’Éditeur.)
  2. Voy. la Vie de Constantin, surtout au l. II, c. 19, 20. Deux cent cinquante ans après, Evagrius (l. III, c. 41) tirait du silence d’Eusèbe un vain argument contre la réalité du fait.