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Ses vices.

Telle est à peu près l’opinion que Constantin aurait pu laisser de lui à la postérité, s’il eût trouvé la mort sur les bords du Tibre ou dans les plaines d’Andrinople. Mais la fin de sa vie, selon les expressions modérées et même indulgentes d’un auteur de son siècle, le dégrada du rang qu’il avait acquis parmi les plus respectables souverains de l’Empire romain. Dans la vie d’Auguste, nous voyons le tyran de la république devenir par degrés le père de la patrie et du genre humain. Dans celle de Constantin, soit que la fortune l’eût corrompu, ou que la grandeur l’eût seulement dispensé d’une plus longue dissimulation, nous voyons le héros qui avait été longtemps l’idole de ses sujets et la terreur de ses ennemis, se changer en un monarque cruel et en un despote sans frein[1]. [A. D. 323-337.]La paix générale qu’il maintint pendant les quatorze dernières années de son

    partie, des écrits d’Eutrope et de Victor le jeune, deux païens de bonne foi, qui écrivirent après l’extinction de sa famille. Zosime lui-même et l’empereur Julien reconnaissent son courage personnel et ses talens militaires.

  1. Voy. Eutrope, X, 6. In primo imperii tempore optimis principibus, ultimo mediis comparandus. L’ancienne version grecque de Pæanius (édit. de Havercamp, p. 697) me porte à croire qu’Eutrope avait dit vix mediis, et que les copistes ont supprimé à dessein ce monosyllabe offensant. Aurelius-Victor exprime l’opinion générale par un proverbe qu’on répétait souvent alors, et qui est obscur pour nous : Trachala decem annis præstantissimus ; duodecim sequentibus latro ; decem novissimis pupillus, ob immodicas profusiones.