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taxe que fournissait chaque ville ou chaque district représentait à la fois le nombre des contribuables et le montant des impositions publiques. On divisait la somme totale par le nombre des têtes ; on disait communément que telle province contenait tant de têtes de tribut, et que chaque tête payait telle somme. Cette opinion n’était pas reçue du peuple seulement, mais elle était admise dans le calcul fiscal. Le taux de ce tribut personnel a sans doute varié avec les circonstances ; mais on a conservé la mémoire d’un fait curieux et d’autant plus frappant, qu’il s’agit d’une des riches provinces de l’empire, aujourd’hui le plus puissant royaume de l’Europe. Les ministres de Constance avaient épuisé les richesses de la Gaule, en exigeant vingt-cinq pièces d’or pour le tribut de chaque habitant. Mais la politique humaine de son successeur réduisit à sept pièces[1] cette énorme capitation. En prenant un terme moyen entre la plus grande vexation et cette indulgence passagère, on peut évaluer le tribut ordinaire d’un Gaulois à seize pièces d’or ou neuf livres sterling[2] ; mais ce

    priété, il exclut d’une manière trop absolue l’idée d’une taxe personnelle.

  1. Quid profuerit (Julianus) anhelantibus extremâ penuriâ Gallis, hinc maximè claret, quod primitùs eas partes ingressus, pro capitibus singulis tributi nomine vicenos quinos aureos, reperit flagitari ; discedens vero septenos tantùm munera universa complentes. (Ammien, l. XVI, c. 5.)
  2. Lorsqu’il s’agit de l’évaluation d’une somme d’argent sous Constantin et ses successeurs, on peut recourir à l’ex-