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ques subjuguées ; ils pouvaient s’être augmentés de quelques parties des biens des différentes familles qui avaient été successivement revêtues de la pourpre, et de ce qu’y avaient ajouté successivement les différens empereurs ; mais le principal de ce revenu venait de la source impure des confiscations et amendes. Les domaines de l’empereur étaient répandus dans toutes les provinces, depuis la Mauritanie jusqu’à la Grande-Bretagne. Mais la richesse et la fertilité du sol de la Cappadoce engagèrent le monarque à acquérir dans cette province des possessions considérables[1] ; et Constantin ou ses successeurs saisirent l’occasion de couvrir leur avidité du masque d’un zèle religieux. Ils supprimèrent le riche temple de Comana, où le grand-prêtre de la déesse de la guerre tenait l’état d’un souverain. Ils s’approprièrent des terres habitées par six mille sujets ou esclaves de la divinité et de ses ministres[2], les hommes n’étaient pas les plus précieux habitans de cette contrée. Les plaines qui s’étendent du pied du mont Argée aux bords de la rivière de Sarus, nour-

  1. Cod. Théodos., l. VI, tit. 30, leg. 2 ; et Godefroy, ad loc.
  2. Strabon, Géographie, l. XII, p. 809. L’autre temple de Comana, dans le Pont, était une colonie de celui de Cappadoce, l. XII, p. 825. Le président de Brosses (Voyez son Salluste, t. II, p. 21) conjecture que la déesse adorée dans les deux temples de Comana était Beltis, la Vénus de l’Orient, la déesse de la génération, divinité fort différente, en effet, de la déesse de la guerre.