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les actions et les discours de Jésus-Christ et de ses apôtres. Le succès des gnostiques fut rapide et fort étendu[1]. Ils couvrirent l’Asie et l’Égypte, s’établirent à Rome et pénétrèrent quelquefois dans les provinces de l’Occident. Ils s’élevèrent, pour la plupart, dans le second siècle ; le troisième fut l’époque de leur splendeur ; ils furent entièrement terrassés dans le quatrième ou dans le cinquième, par l’influence supérieure de quelques nouvelles controverses, et par l’ascendant de la puissance dominante. Quoiqu’ils troublassent sans cesse la paix de l’Église, et qu’ils en avilissent souvent la dignité, ils contribuèrent plus à favoriser qu’à retarder les progrès du christianisme. Les païens convertis, dont les objections les plus fortes étaient contre la loi de

    lieu d’avoir recours au témoignage certain des évangélistes (*).

    (*) L’évêque Pearson a tenté assez heureusement d’expliquer cette singularité. « Les premiers chrétiens connaissaient une foule de mots de Jésus-Christ qui ne sont point rapportés dans nos évangiles, et n’ont même été jamais écrits. Pourquoi saint Ignace, qui avait vécu avec les apôtres ou leurs disciples, ne pouvait-il pas répéter en d’autres paroles ce que raconte saint Luc, surtout dans un moment où il n’avait peut-être pas les évangiles sous la main, étant déjà en prison ? « (Voy. Pearson, Vindic. ignatianæ, part. II, c. 9, p. 396, in tom. II ; Patr. apostol. ed. Coteler. Ctericus, 1724. Voyez aussi Davis’s reply, etc., p. 31.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Habent apes favos ; habent ecclesias et marcionitæ. Telle est l’expression forte de Tertullien, que je suis obligé de citer de mémoire. Du temps de saint Épiphane (advers. hæreses, p. 302) les marcionites étaient très-nombreux en Italie, en Syrie, en Égypte, en Arabie et dans la Perse.