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valle de trois siècles avait fait un changement si considérable dans les préjugés du peuple, que Constantin fut approuvé des Romains, lorsqu’il donna à ses successeurs l’exemple d’accorder les honneurs du consulat aux Barbares qui méritaient par leurs talens et leurs services d’être classés dans le nombre des Romains les plus distingués[1]. Mais comme ces hardis vétérans, qui avaient été élevés dans l’ignorance et dans le mépris des lois, se trouvaient incapables d’exercer aucun emploi civil, les facultés de l’esprit humain étaient enchaînées par l’irréconciliable séparation des talens aussi-bien que par celle des professions. Ces citoyens accomplis des républiques grecques et romaine, dont le génie brillait également au barreau, dans le sénat, dans les camps et dans les écoles, savaient écrire parler et agir avec la même énergie et la même habileté.

Sept ministres du palais.

IV. Indépendamment des magistrats et des généraux qui exerçaient loin de la cour l’autorité qu’on leur avait donnée sur les provinces ou sur les armées, l’empereur accordait le rang d’illustres à sept de ses plus intimes serviteurs, auxquels il confiait la sûreté de sa personne, celle de ses conseils et de ses tré-

  1. Barbaros omnium primus adusque fasces auxerat et trabes consulares. (Ammien, l. XX, c. 10.) Eusèbe (in Vitâ Constantini, l. IV, c. 7.) et Aurelius-Victor semblent confirmer cette assertion ; mais je ne trouve pas le nom d’un seul Barbare dans les trente-deux Fastes consulaires du règne de Constantin : je croirais donc que ce prince accorde aux Barbares les ornemens plutôt que l’emploi de consul.