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des armes dès que leur âge le leur permettrait. Leur lâche refus était puni par la perte de l’honneur, de la fortune, et même de la vie[1] ; mais, comme les fils des vétérans étaient loin de suffire aux besoins du service, on faisait de fréquentes levées dans les provinces. Chaque propriétaire était obligé de prendre les armes, ou de payer un substitut, ou de se racheter par le payement d’une amende considérable. Le rachat qu’on réduisit à quarante-deux pièces d’or, nous donne une idée du prix exorbitant que se vendait un soldat, et de la répugnance avec laquelle le gouvernement accordait une dispense[2]. Les Romains abâtardis avaient pris une telle horreur pour la profession de soldat, que, pour en être dispensés, plusieurs jeunes hommes de l’Italie et des provinces se coupaient les doigts de la main droite ; et cet étrange expédient fut d’un usage assez commun pour néces-

  1. Voyez les deux titres de veteranis et de filiis veteranorum, dans le septième livre du code Théodosien. L’âge où l’on exigeait d’eux le service militaire, variait de vingt-cinq à seize ans. Si les fils des vétérans se présentaient avec un cheval, ils avaient droit de servir dans la cavalerie. Deux chevaux leur donnaient quelques utiles priviléges.
  2. Cod. Théodos., l. VII, tit. 13, leg. 7. Selon l’historien Socrate (voyez Godefroy, ad loc.), l’empereur Valens exigeait quelquefois quatre-vingts pièces d’or pour un soldat de recrue. La loi suivante énonce très-obscurément que les esclaves ne seront pas admis, inter optimas lectissimorum militum turmas.