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tiques se trouvèrent imperceptiblement divisés en plus de cinquante sectes particulières[1], dont les principales paraissent avoir été les basilidiens, les valentiniens, les marcionites, et dans un temps moins reculé, les manichéens ; chacune de ces sectes pouvait se vanter d’avoir ses évêques et ses congrégations, ses docteurs et ses martyrs[2]. Au lieu des quatre Évangiles adoptés par l’Église, les hérétiques produisaient une foule d’histoires dans lesquelles ils avaient adapté à leurs doctrines respectives[3],

  1. Voyez les catalogues de saint Irenée et de saint Épiphane. Il faut avouer aussi que ces écrivains étaient portés à multiplier le nombre des sectes qui s’opposaient à l’unité de l’Église.
  2. Eusèbe, l. IV, c. 15. Voyez dans Bayle, à l’article Marcion, un détail curieux d’une dispute sur ce sujet. Il semblerait que quelques-uns des gnostiques (les basilidiens) évitaient et même refusaient l’honneur du martyre. Leurs raisons étaient singulières et abstruses. Voy. Mosheim, p. 359.
  3. Voyez un passage très-remarquable d’Origène (proem. ad Lucan). Cet infatigable écrivain, qui avait passé sa vie dans l’étude de l’Écriture-Sainte, en appuie l’authenticité sur l’autorité inspirée de l’Église. Il était impossible que les gnostiques pussent recevoir les Évangiles que nous avons maintenant, et dont plusieurs passages (particulièrement la résurrection de Jésus-Christ) attaquent directement leurs dogmes favoris, et sembleraient avoir été dirigés contre eux à dessein. Il est donc, en quelque sorte, singulier que saint Ignace (epist. ad Smyrn. Patr. Apostol., tom. II, p. 34) ait préféré d’employer une tradition vague et douteuse, au