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et voluptueux habitans d’un empire sur le déclin, ne sont attirés au service que par l’espoir du gain, et n’y sont retenus que par la crainte des châtimens. Les ressources du trésor romain furent épuisées par l’augmentation de la paye, par des gratifications multipliées, par l’intervention de nouveaux émolumens, et par de nouveaux priviléges qui pussent compenser, aux yeux de la jeunesse des provinces, les fatigues et les dangers de la vie militaire. Cependant, quoiqu’on fût devenu moins exigeant sur la taille[1], quoiqu’on fermât les yeux sur l’admission des esclaves, on se trouva dans l’impossibilité de fournir à l’armée un nombre suffisant et régulier de recrues volontaires, et les empereurs furent obligés d’avoir recours à des moyens plus effectifs et même à des mesures coërcitives. Les terres qu’on donnait d’abord aux vétérans, en toute franchise, comme une récompense de leur valeur, ne leur furent plus accordées que sous une condition où l’on découvre les premières idées du système féodal. Ceux de leurs fils qui en héritaient, étaient obligés de se dévouer au métier

  1. Valentinien (Cod. Theod., l. VII, tit. 13, leg. 3) fixe la stature d’un soldat à cinq pieds sept pouces, c’est-à-dire, à cinq pieds quatre pouces et demi, mesure d’Angleterre. Elle avait été autrefois de cinq pieds dix pouces, et dans les plus beaux corps, de six pieds romains. Sed tunc erat amplior multitudo, et plures sequebantur militiam armatam. (Vegatius, De re militari, l. I, c. 5.)