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Comme les magistrats civils étaient pris parmi les jurisconsultes, les célèbres Institutes de Justinien s’adressent à la jeunesse de ses états qui se dévouait à l’étude de la jurisprudence romaine ; et le souverain daigne animer leur zèle, en promettant de récompenser leur intelligence et leurs talens par des charges dans le gouvernement[1]. Les élémens de cette science lucrative étaient enseignés dans toutes les grandes villes de l’Orient et de l’Occident ; mais l’école la plus fameuse était celle de Béryte[2], sur la côte de Phénicie. Elle fleurit pendant plus de trois siècles après Alexandre-Sévère, qui fut probablement le fondateur d’une institution si avantageuse à son pays natal. Après un cours régulier d’instruction qui durait cinq ans, les étudians se dispersaient dans les provinces pour y chercher la fortune et les honneurs, et ils trouvaient une source inépuisable d’affaires dans un grand empire déjà corrompu par la multiplicité des lois, des professions et des vices. Le tribunal du préfet du prétoire de l’Orient employait seul cent cinquante avocats, dont soixante-quatre

  1. Summâ igitur ope et alacri studio has Leges nostras accipite ; et vosmetipsos sic eruditos ostendite, ut spes vos pulcherrima foveat ; toto legitimè opere perfecto, posse etiam rempublicam nostram in partibus ejus vobis credendis gubernari. Justinien, in Proem. Institutionum.
  2. La splendeur de l’école de Béryte, qui conserva en Orient la langue et la jurisprudence des Romains, paraît s’être maintenue depuis le troisième siècle jusqu’au milieu du sixième. Heinecc., Jur. rom. Hist., p. 351-356.