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virent leur ancienne grandeur se changer en un vain titre. [Préfets du prétoire.]Les premiers, au contraire, s’élevant par degrés du rang le plus modeste, s’emparèrent à la fin de l’administration civile et militaire du monde romain. Depuis le règne de Sévère jusqu’à celui de Dioclétien, les gardes et les palais, les lois et les finances, les armées et les provinces furent confiés à leur surintendance ; et, comme les vizirs de l’Orient, ils tenaient d’une main le sceau, et de l’autre l’étendard de l’empire. L’ambition des préfets, toujours formidable, et quelquefois fatale à leur maître, était soutenue par la force des bandes prétoriennes ; mais quand Dioclétien eut affaibli ces troupes audacieuses, et que Constantin les eut tout-à-fait supprimées, les préfets survivant à leur chute furent réduits sans peine au rang de ministres utiles et obéissans. Quand ils ne répondirent plus de la vie et de la sûreté de l’empereur, ils abandonnèrent la juridiction qu’ils avaient réclamée et exercée jusque alors sur tous les départemens du palais. Constantin leur ôta tout commandement militaire dès qu’ils eurent cessé de conduire et de commander à la guerre l’élite des troupes romaines ; enfin, par une singulière révolution, les capitaines des gardes devinrent les magistrats civils des provinces. D’après le plan de gouvernement institué par Dioclétien, les quatre princes avaient chacun leur préfet du prétoire. Constantin, ayant réuni sous sa puissance la totalité de l’empire, continua de nommer quatre préfets, et leur confia les mêmes provinces que leurs prédécesseurs avaient