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et lorsque Constantin monta sur le trône, on ne se souvenait plus guère que par une tradition vague et imparfaite que les patriciens avaient été les premiers des Romains. Le projet de former un corps de noblesse qui pût contenir l’autorité du monarque, dont elle fait la sûreté, ne convenait ni au caractère ni à la politique de Constantin ; mais quand il se le serait sérieusement proposé, il eût peut-être été au-dessus de sa puissance de ratifier, par une loi arbitraire, une institution qui ne peut attendre sa sanction que de l’opinion et du temps. Il fit revivre, à la vérité, le titre de patriciens, mais comme une distinction personnelle et point héréditaire. Ils ne le cédaient qu’à la supériorité passagère des consuls, jouissaient de la prééminence sur tous les grands officiers de l’état, et de leur entrée libre chez le prince dans tous les temps. Ce rang honorable était accordé à vie ; et, comme il était ordinairement conféré à des ministres et à des favoris qui avaient blanchi dans la cour impériale, la véritable étymologie du mot fut corrompue par l’ignorance et par la flatterie ; et les patriciens de Constantin furent respectés comme les pères adoptifs de l’empereur et de la république[1].

Le sort des préfets du prétoire fut bien différent de celui des consuls et des patriciens. Ces derniers

    même celui de l’ordre entier des sénateurs, à moins qu’on n’y comprenne tous les chevaliers romains qui avaient la permission de porter le laticlave.

  1. Zosime, l. II, p. 118 ; et Godefroy, ad Cod. Theodos., l. VI, tit. 6.