Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

contre le genre humain pour l’offense légère de ses premiers parens[1]. Les gnostiques osaient même représenter le dieu d’Israël comme un être sujet à l’erreur et à la passion, capricieux dans sa faveur, implacable dans sa vengeance, bassement jaloux de son culte religieux, n’accordant ses bienfaits qu’à un seul peuple, et n’étendant point sa providence au-delà de cette vie passagère. Ils ne pouvaient apercevoir dans une pareille image aucun des traits qui caractérisent le père commun, le maître sage et tout-puissant de l’univers[2]. Ils convenaient que la religion du peuple juif était, en quelque sorte, moins criminelle que l’idolâtrie des autres nations ; mais leur doctrine avait pour base la mission de Jésus-Christ. Ils enseignaient qu’il devait être adoré comme la première et la plus brillante émanation de la divinité, et qu’il avait paru sur la terre pour dissiper les différentes erreurs des hommes, et pour révéler un nouveau système de vérité et de perfection. Par une condescendance très-singulière, les

  1. Le docteur Burnet (Archæologia, l. II, c. 7) a discuté les premiers chapitres de la Genèse d’un ton trop piquant et avec trop de liberté.
  2. Les plus modérés d’entre les gnostiques considéraient Jehovah, le Créateur, comme un être d’une nature mixte entre Dieu et le démon. D’autres le confondaient avec le mauvais principe. Voyez le second siècle de l’histoire générale de Mosheim. Cet auteur expose d’une manière distincte, quoique concise, les opinions étranges qu’ils s’étaient formées sur ce sujet.