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qu’à la publication du code de Théodose[1]. C’est dans ce code et dans la Notitia de l’Orient et de l’Occident[2] que nous avons puisé le plus grand nombre de nos remarques et les détails les plus authentiques sur l’état de cet empire. Ces éclaircissemens retarderont un peu la marche de l’histoire ; mais cette suspension ne déplaira qu’aux lecteurs superficiels qui ignorent combien est importante la connaissance des lois et des mœurs, et qui ne repaissent leur avide curiosité que des intrigues passagères d’une cour, ou de l’issue d’une bataille.

Hiérarchie de l’état.

Le sage orgueil des Romains, content de la réalité du pouvoir, abandonnait à la vanité de l’Orient les formes et les cérémonies de la représentation[3] ; mais quand ils eurent perdu jusqu’à l’image des ver-

  1. Le Code Théodosien fut promulgué A. D. 438. Voy. les Prolégomènes de Godefroy, c. 1, p. 185.
  2. Pancirole, dans son savant commentaire, donne à la Notitia presque la même date qu’au Code Théodosien ; mais ses preuves, ou plutôt ses conjectures, sont extrêmement faibles. Je serais plus disposé à placer l’époque de cet utile ouvrage entre la division finale de l’empire (A. D. 395), et l’envahissement de la Gaule par les Barbares (A. D. 407). Voyez l’Histoire des anciens Peuples de l’Europe, tome VII, p. 40.
  3. Scilicet externæ superbiæ sueto, non erat notitia nostri (peut-être nostræ) ; apud quos vis imperii valet, inania transmittuntur. Tacite, Annal., XV, 31. Les lettres de Cicéron, de Pline et de Symmaque, montrent bien le passage gradué du style de la liberté et de la simplicité, à celui des formes et de la servitude.