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serpens entrelacés formant un pilier de cuivre. Leur triple tête avait soutenu autrefois le trépied d’or qui fut consacré dans le temple de Delphes par les Grecs, après la défaite de Xerxès et leur victoire[1]. Il y a déjà long-temps que l’Hippodrome a été défiguré par les mains barbares des conquérans turcs. Cependant, sous la dénomination équivalente d’Atméidan, il sert encore aujourd’hui d’emplacement pour exercer les chevaux[2]. Du trône d’où

  1. Les possesseurs des plus saintes reliques se trouveraient heureux de pouvoir alléguer une suite de témoignages tels que ceux qui se présentent en cette occasion. (Voyez Banduri, ad Antiquit. Constant., p. 668 ; Gyllius, de Byzant., l. II, c. 13.) 1o. La consécration du trépied et de la colonne dans le temple de Delphes peut se prouver par Hérodote et Pausanias. 2o. Le païen Zosime rapporte, ainsi que les trois historiens ecclésiastiques, Eusèbe, Socrate et Sozomène, que les ornemens sacrés du temple de Delphes furent transportés à Constantinople par ordre de l’empereur, et il indique en particulier les serpens en forme de colonne de l’Hippodrome. 3o. Tous les voyageurs européens qui ont examiné Constantinople, depuis Buondelmonte jusqu’à Pococke, l’indiquent dans le même endroit, et presque de la même manière. Les différences qu’on remarque dans leur description sont une suite des outrages auxquels ce monument a été exposé de la part des Turcs. Mahomet II lui donna un coup de sa hache de bataille, et il brisa la mâchoire inférieure de l’un des serpens. (Thévenot, l. I, c. 17.)
  2. En 1808, les Janissaires, révoltés contre le vizir Mustapha Baraictar, qui avait voulu introduire un nouveau système d’organisation militaire, assiégèrent le quartier de