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l’Asie, les blés de l’Égypte, les pierres précieuses et les épices des parties les plus reculées de l’Inde, étaient amenés par les vents jusque dans le port de Constantinople, qui attira pendant plusieurs siècles tout le commerce de l’ancien monde[1].

Fondation de la ville.

Le spectacle de la beauté, de la sûreté et de la richesse réunies dans ce coin de la terre, suffisait pour justifier le choix de Constantin. Mais, comme on avait jugé décent dans tous les temps d’attribuer l’origine des grandes villes[2] à quelque prodige fabuleux qui pût l’environner d’une majesté convenable, l’empereur voulut persuader que sa résolution lui avait été dictée moins par les conseils incertains de la politique humaine, que par les infaillibles décrets de la divine sagesse. Dans une de ses lois, il a pris soin d’instruire la postérité que c’était par l’ordre exprès de Dieu qu’il avait posé les inébranlables fondemens de Constantinople[3] ; et quoi qu’il n’ait pas jugé à propos de raconter de quelle manière la céleste inspiration s’était communiquée

  1. Voyez l’éloquente description de Busbequius, epist. I, p. 64 : Est in Europâ ; habet in conspectu Asiam, Ægyptum, Africamque à dextrâ : quæ tametsi contiguæ non sunt, maris tamen navigandique commoditate, veluti junguntur. A sinistrâ verò, Pontus est Euxinus, etc.
  2. Datur hæc venia antiquitati, ut miscendo humana divinis, primordia urbium augustiora faciat. Tite-Live, in Proem.
  3. On trouve dans une de ses lois : Pro commoditate urbis quam æterno nomine jubente Deo, donavimus. Code Theod., l. XIII, tit. 5, leg. 7.