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de Constantinople du côté de l’Asie. Le Bosphore, à l’endroit où il commence à s’élargir du côté de la Propontide, passe entre Byzance et Chalcédoine. La dernière de ces villes fut bâtie par les Grecs, quelques années avant l’autre ; et l’aveuglement qui fit négliger à ses fondateurs les avantages de la côte opposée, a été tourné en ridicule par une expression de mépris qui a passé en proverbe[1]. Le port de Constantinople, qu’on peut regarder comme un bras du Bosphore, fut connu très-anciennement sous le nom de la corne d’or. La courbe qu’il décrit a à peu près la figure du bois d’un cerf, ou plutôt encore de la corne d’un bœuf[2]. L’épithète d’or fait allusion aux richesses que tous les vents amènent des pays les plus éloignés dans le port vaste et sûr de Constantinople. Le Lycus, formé par l’union de deux petits ruisseaux, verse constamment dans ce port une quantité d’eau douce qui en nettoie le fond, et attire dans cet asile commode les bancs de poissons que les retours périodiques amènent constamment

  1. Namque arctissimo inter Europam Asiamque divortio Byzantium in extremâ Europâ posuêre Græci, quibus Pythium Apollinem consulentibus ubi conderent urbem, redditum oraculum est, quærerent sedem Cæcorum terris adversam. Eâ ambage, Chalcedonii monstrabamur quod priores illue advecti prævisâ locorum utilitate pejora legissent. (Tacite, Annales, XII, 62.)
  2. Strabon, l. X, p. 492. La plupart des andouillers sont maintenant brisés, ou, pour parler d’une manière moins figurée, la plupart des recoins du havre sont comblés. Voy. Gyllius, De Bosphoro Thracio, l. I, c. 5.