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colonie ; et décernant les châtimens les plus sévères contre tout Juif qui oserait approcher de son enceinte, il y mit en garnison une cohorte romaine pour assurer l’exécution de ses ordres. Les nazaréens ne pouvaient échapper que par une seule voie à la proscription générale. La force de la vérité fut alors secourue de l’influence des avantages temporels. Ils élurent pour leur évêque Marcus, prélat de la race des gentils, et qui tirait probablement son origine de l’Italie ou de quelque province latine[1]. À sa persuasion, la plus grande partie de la secte abandonna la loi de Moïse, qu’elle avait suivie constamment pendant plus d’un siècle. En sacrifiant ainsi leurs coutumes et leurs préjugés, les nazaréens obtinrent l’entrée libre de la colonie d’Adrien, et cimentèrent plus fermement leur union avec l’Église catholique[2].

Les ébionites.

Lorsque le nom et les honneurs de l’Église de Jérusalem eurent été rétablis sur le mont Sion, on accusa de schisme et d’hérésie les restes obscurs des nazaréens qui avaient refusé d’accompagner leur évêque latin. Ils conservèrent toujours leur première habitation de Pella, d’où ils se répandirent dans les villages situés aux environs de Damas ; ils

  1. Marcus était un prélat grec. Voyez Dœderlein, Comment. de ebionæis, p. 10. (Note de l’Éditeur.)
  2. Eusèbe, l. IV, c. 6. Sulpice-Sévère, II, 31. En comparant les narrations peu satisfaisantes de ces deux auteurs, Mosheim (p. 327, etc.) a donné un exposé très-clair des circonstances et des motifs de cette révolution.