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gés de les acheter dans les provinces de l’Orient les plus éloignées. On rapporte une histoire d’Aglaé, dame romaine, qui descendait d’une famille consulaire, et dont les biens étaient si considérables, que, pour les diriger, elle avait besoin de soixante-treize intendans. Boniface, l’un d’entre eux, avait gagné les bonnes grâces de sa maîtresse, et comme Aglaé mêlait l’amour à la dévotion, on prétend qu’elle l’admit à partager son lit. Elle voulait avoir quelques reliques sacrées de l’Orient ; et sa fortune la mettait en état de satisfaire ses pieux désirs. Elle confia à son amant une somme d’or considérable et une grande quantité d’aromates ; et Boniface, accompagné de douze hommes à cheval, et de trois chariots couverts, entreprit un pèlerinage éloigné[1], jusqu’à la ville de Tarse, en Cilicie[2].

Dans l’Illyrie et en Orient, sous Galère et sous Maximin.

L’humeur sanguinaire de Galère, le premier et le principal auteur de la persécution, le rendait redoutable aux chrétiens qu’un sort malheureux avait placés dans les limites de ses états. Il est à croire que plusieurs personnes d’un rang médiocre, et qui n’é-

  1. Les Actes de la passion de saint Boniface, qui sont remplis de miracles et de déclamations, ont été publiés, en grec et en latin, par Ruinart (p. 283-291), d’après l’autorité de manuscrits très-anciens.
  2. On ignore si Aglaé et Boniface étaient chrétiens lors de leur commerce illégitime. (Voyez Tillemont, Mém. ecclésiast., note sur la persécut. de Dioclétien, t. V, not. 82, p. 283.) M. de Tillemont prouve aussi que l’histoire est douteuse. (Note de l’Éditeur.)