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tions salutaires qui avaient exigé le témoignage direct et solennel d’un accusateur, il fut du devoir aussi-bien que de l’intérêt des officiers impériaux, de découvrir, de poursuivre, de condamner aux supplices les plus coupables d’entre les fidèles. On décerna des peines terribles contre ceux qui oseraient dérober un proscrit à la juste colère des dieux et des empereurs. Cependant, malgré la sévérité de cette loi, le courage vertueux de plusieurs païens qui cachèrent leurs parens et leurs amis, est une preuve honorable que la rage de la superstition n’avait pas éteint dans leur âme les sentimens de la nature ou de l’humanité[1].

Idée générale de la persécution.

Dioclétien n’eut pas plus tôt publié ses édits contre les chrétiens, que ce prince, comme s’il eût voulu remettre en d’autres mains l’ouvrage de la persécution, résigna la pourpre impériale. Ses collègues et ses successeurs, suivant leur caractère et leur situation, se trouvèrent portés, tantôt à presser, tantôt à suspendre l’exécution de ces lois rigoureuses. Pour nous former une idée juste et distincte de cette période importante de l’histoire ecclésiastique, il est nécessaire de considérer séparément l’état du christianisme dans les différentes parties de l’empire durant les dix années qui s’écoulèrent entre les premiers édits de Dioclétien et le temps où la paix fut enfin rendue pour toujours à l’Église.

  1. Saint Athanase, p. 833 ; ap. Tillemont, Mém. ecclés., t. V, part. I, p. 90.