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nellement en public. Par le même édit, toutes les propriétés de l’Église furent à la fois confisquées, et ses biens furent ou vendus à l’encan, ou remis au domaine impérial, ou donnés aux villes et aux communautés, ou enfin accordés aux sollicitations des courtisans avides. Après avoir pris des mesures si efficaces pour abolir le culte des chrétiens, et pour dissoudre leur gouvernement, on crut nécessaire de soumettre aux plus intolérables vexations ceux de ces opiniâtres qui persisteraient toujours à rejeter la religion de la nature, de Rome et de leurs ancêtres. Les personnes d’une naissance honnête furent déclarées incapables de posséder aucune dignité ou aucun emploi ; les esclaves furent privés pour jamais de l’espoir de la liberté ; et le corps entier du peuple fut exclu de la protection des lois. On autorisa les juges à recevoir et à décider toute action intentée contre un chrétien. Mais les chrétiens n’avaient pas la permission de se plaindre des injures qu’ils avaient souffertes : ainsi ces infortunés se trouvaient exposés à la sévérité de la justice publique, sans pouvoir en partager les avantages. Cette nouvelle espèce de martyre, si pénible et si lent, si obscur et si ignominieux, était peut-être le moyen le plus propre à lasser la constance des fidèles ; et l’on ne peut douter que les passions et l’intérêt des hommes ne fussent disposés, dans cette occasion, à seconder les vues des empereurs. Mais certainement la politique d’un gouvernement sage intervint quelquefois en faveur des chrétiens opprimés ; et les princes romains ne pouvaient