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dont le faîte s’élevait au-dessus du palais impérial, et qui avait excité si long-temps l’envie et l’indignation des gentils, fut détruit de fond en comble[1].

Premier édit contre les chrétiens. A. D. 303, 24 février.

On publia le lendemain l’édit général de persécution[2]. Galère voulait que tous ceux qui refuseraient de sacrifier aux dieux fussent brûlés vifs sur-le-champ. Quoique Dioclétien, toujours éloigné de répandre le sang, eût modéré la fureur de son collègue, les châtimens infligés aux chrétiens paraîtront assez réels et assez rigoureux. Il fut ordonné que leurs églises seraient entièrement démolies dans toutes les provinces de l’empire, et l’on décerna la peine de mort contre ceux qui oseraient tenir des assemblées secrètes pour exercer leur culte religieux. Les philosophes, qui ne rougirent point alors de diriger le zèle aveugle de la superstition, avaient étudié soigneusement la nature et le génie de la religion chrétienne : ils savaient que les dogmes spéculatifs de la foi étaient censés contenus dans les écrits des prophètes, des évangélistes et des apôtres ; ce fut probablement à leur instigation que l’on voulut obliger les évêques et les prêtres à remettre leurs livres sacrés entre les mains des magistrats, qui avaient ordre, sous les peines les plus sévères, de les brûler solen-

  1. Lactance (De mort. persec., c. 12) fait une peinture très-animée de la destruction de cette église.
  2. Mosheim (p. 922-926) a puisé dans différens passages de Lactance et d’Eusèbe, qu’il a rassemblés, une notion très-juste et très-exacte de cet édit, quoiqu’il veuille quelque-fois raffiner, et qu’il donne dans des conjectures.