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cution secrète[1], à laquelle le zèle imprudent des chrétiens fournissait quelquefois les prétextes les plus spécieux. Maximilien, jeune paysan de la province d’Afrique, fut puni du dernier supplice. Son père l’avait présenté au magistrat comme ayant pour le service des armes toutes les qualités exigées par la loi[2]. Mais Maximilien persista opiniâtrément à

  1. Eusèbe, l. VIII, c. 4, 17. Il limite le nombre des martyrs militaires par une expression remarquable (σπανιως τουτων εις ϖο‌υ και δευτερος dont aucun traducteur, ni latin, ni français n’a rendu l’énergie. Malgré l’autorité d’Eusèbe, et le silence de Lactance, de saint Ambroise, de Sulpice-Sévère, d’Orose, etc., on a long-temps cru que la légion thébaine, composée de six mille chrétiens, souffrit le martyre par ordre de Maximien, dans la vallée des Alpes Pennines. L’histoire en fut publiée pour la première fois vers le milieu du cinquième siècle, par Eucher, évêque de Lyon, qui la tenait de certaines personnes qui la tenaient d’Isaac, évêque de Genève, qui la tenait, dit-on, de Théodore, évêque d’Octodurum. L’abbaye de Saint-Maurice, qui subsiste encore, est un riche monument de la crédulité de Sigismond, roi de Bourgogne. Voyez une excellente dissertation dans le trente-sixième volume de la Bibliothéque raisonnée, p. 427-454.
  2. L’anecdote, rapportée avec détail, présente le jeune homme sous un jour différent. Maximilien était fils de Victor, soldat chrétien de Numidie. Son père ne le présenta point au magistrat comme ayant pour le service des armes toutes les qualités exigées par la loi. Les fils de soldats étaient obligés de servir à vingt-un ans, et Maximilien fut enrôlé comme tel. Il s’y refusa obstinément, à cause des cérémonies païennes auxquelles il ne pouvait se prêter, et non parce que sa conscience ne lui permettait pas d’em-